Khatchen c’est l’un des 15 villages du Haut Karabagh où SPFA s’est engagée dans l’action humanitaire depuis 1997 pour appuyer le développement d’une communauté sur un territoire tant convoité. Khachen, peuplé de 330 arméniens et situé à quelques kilomètres de la capitale du Haut Karabagh, était le berceau de nos activités, on l’appelait le « Village Modèle ». L’objectif était dans la vision de Samuel Sahagian, le fondateur de SPFA, de soutenir un village en concentrant les projets humanitaires (parrainage des familles, ruches à l’école, moutons et vaches aux fermes, de l’eau pour tout le village, une maternelle pour les enfants). Depuis 2005, Khatchen a été l’un des premiers villages, une quinzaine au fil des années, à bénéficier de l’adduction d’eau potable, sous la conduite de Jacques Matossian. L’apogée de l’engagement de SPFA, à la demande de Pargev l’Archevêque, et grâce à une mobilisation œcuménique, a été la rénovation de l’église apostolique de Khatchen, Saint Stépanos, un site du 13eme siècle qui était devenu une écurie pendant l’époque soviétique.
Au départ, quand nous sommes arrivés avec toute notre équipe et les bénévoles francophones au village pour nous rendre compte des besoins immenses, nous avons fait parler les gens de leurs attentes, de leurs aspirations. Heureusement qu’on les a fixés dans ce documentaire qu’on a appelé « Dis-moi ton rêve, Khatchen “. Et le rêve de tous, petits et grands, c’était la paix, la PAIX. Ils voulaient la paix, ils ont eu la guerre, ironie du sort. Les gens ont eu tout sauf la paix et ils ont dû fuir leur terre laissant derrière eux leurs rêves mais aussi tout ce qui était devenu réalité, ce village heureux. Et maintenant, que deviendra Khatchen ? Il changera son nom certainement, l’église sera détruite probablement comme le reste du patrimoine chrétien d’Artsakh. Je pense à Saro, le maire de village, Artak, le directeur de l’école. Les deux piliers du village. Où sont-ils ? Ont-ils fui avec les autres habitants de leur village, en prenant la route de l’exode, ce voyage sans retour. Leurs rêves sont brisés. Mais, peut-être pas leur capacité de rêver.
Nous avions semé l’espoir en eux à travers notre présence. C’est ça l’essentiel. La résilience, le champ des possibles. L’être humain est bien fait, il rebondit, il se reconstruit. Il fait des rencontres. SPFA doit être là, à leur rencontre. Leur tendre la main, et les aider à recommencer.
Les personnes qui entourent SPFA nous disent ça, « Faisons un nouveau Khatchen », parrainons un village en Arménie, qui pour tous ces réfugiés deviendra la nouvelle patrie. Donnons raison à William Saroyan, écrivain américain d’origine arménienne qui disait : « Je voudrais voir quelle force au monde peut détruire cette race, cette petite tribu de gens sans importance dont l’histoire est terminée, dont les guerres ont été perdues, dont les structures se sont écroulées, dont littérature n’est plus lue, la musique n’est pas écoutée, et dont les prières ne sont pas exaucées.
Allez-y, détruisez l’Arménie ! Voyez si vous pouvez le faire. Envoyez-les dans le désert. Laissez-les sans pain ni eau. Brûlez leurs maisons et leurs églises…. Voyez alors s’ils ne riront pas de nouveau, voyez s’ils ne chanteront ni ne prieront de nouveau. Car il suffirait que deux d’entre eux se rencontrent n’importe où dans le monde pour qu’ils créent une nouvelle Arménie. »
Créer, continuer, coûte que coûte. Comme à la fin du film. A suivre…
Pour visionner le film « Dis-moi ton rêve, Khachen »! Cliquer ici.
Les projets de SPFA réalisés au Karabagh : http://spfa-armenie.com/category/haut-karabagh/
Astrig Marandjian est membre du Conseil de Gestion de SPFA France. Directrice de SPFA Arménie entre 2001-2007, elle est la fondatrice de Miassine, alliance arménienne pour le développement humain du peuple arménien avec laquelle SPFA a un partenariat stratégique depuis le début de sa création.