Le vendredi 30 novembre 2018, le thème ordinaire de discussion au Club des Jeunes Diplomates Francophones (SPFA) portait sur le métier et les fonctions du diplomate, ainsi que sur sa personnalité et ses qualitiés personnelles. Tout d’abord, nous avons évoqué toutes les définitions connues sur ce métier très ancien: personne qui est chargée par un gouvernement de fonctions diplomatiques; personne qui sait mener une affaire, des négociations, avec tact et habileté; personne officiellement chargée de représenter son pays auprès d’un gouvernement étranger ou dans les affaires internationales…
Dans aucune des définitions officielles connues, on ne parle pas de l’amour envers le peuple du pays de résidence du diplomate et, vice versa, mais l’étude de l’oeuvre et des activités de l’ambassadeur de France en Arménie Henry Cuny (2002-2006) nous disent autre chose…
Henry Cuny, de son nom littéraire Henry Chennevières, est un diplomate et écrivain français, diplômé de l’IEP de Paris, titulaire d’un DES de droit privé, ancien élève de l’ENA, ministre plénipotentiaire de première classe.
Il a sans doute beaucoup fait pour le renforcement et l’approfondissement des relations économiques et culturelles entre la France et l’Arménie, ainsi que pour la promotion de la Francophonie en Arménie.
Mais ce jour-là, nous avons surtout parlé de sa personnalité, ses sentiments et son conportement envers le peuple arménien. Dans son premier article sur l’Arménie résumant sa première semaine de travail à Erevan, l’Ambassadeur de France en Arménie Henry Cuny, fuyant la langue de bois, parle de ses motivations, son engagement personnel en faveur de l’avenir de notre pays. En voici un petit extrait:
Lundi: Soleil. Au loin, mais si proche en mȇme temps, l’Ararat ( le “grand”, le “petit”) émerge des brumes aurorales, telle une hallucination du passé, un souvenir des origines. Analyser… Erevan s’éveille dans un intemporel. On décèle chez ses habitants une hésitation à prendre pied dans la réalité d’un nouveau jour. Il le faut pourtant. La lumière flatte le tuf rose de ma résidence, y cisèle la ferronnerie bleue des balcons, telles les enluminures d’un de ces manuscrits anciens que tout visiteur aura à coeur d’aller admirer au Maténadaran.
D’abord il évoque l’Ararat, si loin et si proche, le peuple qui a une hésitation de la réalité du nouveau jour, puis le tuf rose, les enluminures et le Maténadaran… Une analyse perspicace où l’on voit une connaissance profonde de l’histoire et de la mentalité du peuple arménien.
Henry Cuny analyse, explique et agit…Mais pour lui le triptyque est incomplet. Il considère qu’il faut aussi aimer…
Cet amour, on le voit dans ses activités, son oeuvre intitulée L’ȃme du peuple ou encore dans son poème magnifique l’Arménienne où il décrit si bien les femmes arméniennes. Ci-dessous quelques extraits du poème:
Son ȃme tendre est un khatchkar, ses sentiments ornements rares, semblent ciselés dans la pierre; modeste est le regard câlin; son coeur est un volcan de neige, hors de prix, comme une frontière; Hayastan est pays de femmes vestales, avivant sa flamme etc.
Il termine son poème ainsi:
Moi, l’étranger aux poches pleines
De tout ce vide qui m’emplit.
Elle restera l’Arménienne
Dont j’ai cru qu’elle m’avait souri.
Rue Abovian, passent les heures,
Rue Abovyan, elle demeure…
En effet, aimer le peuple du pays accréditaire ne fait pas partie des obligations du diplomate du pays accréditant; de toute façon ce n’est mentionné dans aucune définition sur les fonctions du diplomate, mais l’ambassadeur de France en Arménie Henry Cuny a connu et apprécié l’ȃme du peuple arménien, et ce dernier lui a répondu avec une immense reconnaissance qui lui a valu la médaille de Mkhitar Gosh, et une place très honorable parmi les amis de l’Arménie dans la Mémoire collective du peuple arménien!