Parrainages: Un conte de Noël qui est aussi une histoire vraie

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Lorsque SPFA a été créée en 1990, son objectif principal était de venir en aide aux populations des zones sinistrées par le séisme de 1988. L’un des premiers projets de l’association a été le parrainage des enfants. Durant ces 33 années d’existence, plusieurs centaines d’enfants ont été parrainés grâce à la générosité des parrains et marraines par l’intermédiaire de SPFA.

Aujourd’hui, nous tenons à vous présenter le portrait d’une famille en particulier, pour illustrer cette belle aventure proposée par SPFA: c’est l’histoire d’Arévik et des siens, et de leur vie qui a été éclairée par l’affection de Fabrice, son parrain français.

Le dossier de parrainage était prêt lorsque, miraculeusement, SPFA a reçu une demande de France. Tout de suite, Fabrice a donné son accord pour parrainer la petite Arévik et, à travers elle, toute sa famille. Au fil des mois, Fabrice et Arévik échangeaient des lettres. Arévik parlait de siens et de son quotidien, tandis que Fabrice évoquait sa vie en France et encourageait Arévik dans ses études…

Puis un jour, Fabrice a décidé de prendre l’avion, de venir en Arménie, et de se rendre au Karabagh pour visiter ce merveilleux bout de terre et découvrir réellement ceux qu’il soutenait. Les retrouvailles étaient très émouvantes, une immense joie partagée. Cependant, une surprise attendait Fabrice. Profitant de sa visite, la famille avait décidé de faire baptiser les enfants. Très ému, Fabrice a accepté leur proposition de devenir le parrain des enfants. Le baptême a eu lieu dans la majestueuse Cathédrale Sainte-Mère-de-Dieu de Chouchi, également appelée Chazantchétsots.

Depuis, le parrainage est devenu une véritable parenté. Fabrice est devenu le parrain de la famille au sens premier du terme, et il ne voulait plus d’un parrainage ordinaire. Au-delà des 420 euros annuels, il verse une aide financière mensuelle à la famille. Il est informé de toutes les joies et tristesses de “sa famille”. La guerre de 2020 a entraîné la perte de la ville de Chouchi. L’appartement, si soigneusement aménagé avec l’aide du parrain, a dû être abandonné. Malheur plus grand encore, la maman d’Arévik a perdu son frère cadet à la guerre, tombé au combat pour Chouchi… Ne voulant pas quitter le Karabagh, cette famille s’est installée à Stepanakert. C’était difficile, mais ils ont pu surmonter les difficultés.

Pendant le blocus au Karabagh, en 2023, Fabrice les accompagnait et s’inquiétait pour eux. Un jour, il nous a dit : “J’étais très malade, je souffrais de l’idée que j’ai tout en France et que ma famille souffre de la faim, sans gaz ni électricité…” Mais Arévik, qui était en contact avec Fabrice, le tranquillisait toujours en lui assurant qu’ils avaient de la nourriture, même si cela n’était pas totalement vrai. Ensuite, il y a eu le 19 septembre 2023, ce jour où le Karabagh fut de nouveau bombardé. Après neuf mois de blocus total, sans aliments ni médicaments, visant à affaiblir le peuple et à l’attaquer, à briser son courage, la population était en grand danger. Il ne restait pas d’autre choix que d’accepter la capitulation totale.

Mais un nouveau désastre allait frapper ce peuple courageux qui n’avait qu’une seule envie : celle de vivre sur la terre de ses ancêtres. L’entrepôt d’essence où il y avait des centaines de personnes en train de récupérer de l’essence pour évacuer leurs familles et les emmener en Arménie a explosé, causant plus de 300 morts et autant de blessés. Le père et l’oncle d’Arévik étaient là aussi. Par miracle, Hounan, le papa, s’est sauvé, mais le frère aîné d’Ellada est mort, laissant derrière sa jeune épouse de 33 ans et ses cinq enfants mineurs…

La famille d’Arévik a été parmi les dernières à quitter la région. La seule chose qu’ils ont réussi à emporter avec eux, ce sont les documents et les photos familiales des jours heureux. En Arménie, ils se sont installés à Etchmiadzin où ils louent un appartement.

Fabrice ne pouvait pas ne pas se rendre en Arménie pour serrer les siens dans ses bras, leur exprimer des mots de consolation afin qu’ils ne sombrent pas dans le drame. Ellada, cette femme courageuse, a perdu deux frères dans la guerre du Karabagh et elle ne cesse de répéter que Dieu lui a envoyé Fabrice, considérant celui-ci comme son troisième frère.

Aujourd’hui, le papa de la famille recherche du travail, tandis qu’Ellada prépare des gâteaux du Karabagh et les vend. Tous les enfants fréquentent le Centre francophone d’Etchmiadzin de SPFA, où ils apprennent gratuitement le français pour pouvoir communiquer avec leur parrain. Ils ont beaucoup de chance d’avoir Fabrice Bidlingmayer comme parrain, qui, parallèlement à cette famille, aide également une autre famille ayant 12 enfants. Comme un vrai Père Noël, il a préparé des cadeaux pour tous les membres de la famille d’Arévik et de Sédrak, son autre filleul. Pour la famille d’Arévik, cette fois, sur notre proposition, les cadeaux de Noel sont … des duvets, des chaussures et des vêtements chauds dont ils avaient besoin.

La présence de Fabrice dans leur vie les aide non seulement financièrement, mais aussi moralement, car un lien beaucoup plus profond existe désormais entre eux. “Lorsque je lis la première lettre d’Arévik, ma filleule du Haut-Karabagh, je revis l’émotion de la joie infinie de cette petite fille du bout du monde remerciant le ciel de lui avoir envoyé un parrain, et je me rappelle mes larmes d’émotion. Bientôt 7 ans se sont écoulés et les liens sont devenus plus forts, à chaque fois, grâce à SPFA qui est une passerelle lumineuse entre parrains et familles. Ces enfants que la vie a profondément et si injustement marqués ont une incroyable maturité et une grande longueur d’onde de la pensée. Ils sont d’un calme et d’une gentillesse qui me touche à chaque fois. Gandhi disait : ’’Ce que nous faisons est insignifiant, mais il est important de le faire’’. Les aider c’est aussi nous aider nous-même, et il y a tellement de petites têtes aux grands yeux curieux à aider et à aimer’’. Fabrice Bidlingmayer.


Chers ami(e)s,

La veille de Noël, nous avons tous la possibilité de devenir le parrain ou la marraine d’un petit enfant arménien du Karabagh, apportant un peu de joie et de lumière dans leur vie après tout ce qu’ils ont été obligés de traverser. En même temps, nous tenons à remercier tous nos parrains et marraines pour leur fidélité et leur dévouement. Merci pour tout ce que vous faites pour les enfants et leurs familles qui ont tant besoin de vous.

Hélène Ohandjanian

Coordinatrice des projets