DISCOURS DE JANIK MANISSIAN
Monsieur André Santini, maire d’Issy les Mx, ancien ministre.
Monsieur Jean-Didier Berger Maire de Clamart,
Madame la première secrétaire de l’Ambassade d’Arménie en France, Suzanna Adamyan,
Monsieur le représentant de la république d’Artsakh Hovannès Guévorkian
Monsieur l’ambassadeur de France en Arménie Jonathan Lacôte,
Monsieur le Ministre Gabriel Attal, porte-parole du Gouvernement. Madame la Député Florence Provendier
Messieurs les prêtres de l’Église Apostolique Arménienne,
Messieurs les Pasteurs,
Mesdames et Messieurs les élus,
Ma chère famille, mes chers Amis,
Cette remise de l’insigne de l’Ordre du Mérite national au sein de notre mairie, et qui heureusement n’est pas à titre posthume, revêt un côté solennel et officiel, et votre présence à tous est le plus beau témoignage de votre amitié. Soyez-en toutes et tous remerciés.
Cette distinction qui m’honore, je la partage avec tous ceux qui depuis 32 ans ont oeuvré pour relever l’Arménie après tous les malheurs qui ont sillonné son histoire.
À ce moment, je pense à mes parents, qui se sont épuisés d’amour pour nous, et qui ont eu toute leur vie le respect pour la France, leur terre d’accueil. Dans le cadre de cette cérémonie, j’ai tellement de personnes chères à remercier que je ne veux en omettre aucune en les citant nommément, mais sachez que vous tous avez une place particulière dans mon coeur, et que pour un grand nombre d’entre vous, votre présence à nos côtés, dans notre existence, nous ont permis de respecter la vie et de nous mettre comme le préconisent les évangiles au service de notre prochain – même si lointain.
Avant tout autre développement, j’ouvre une parenthèse car je veux remercier Margrit, mon épouse préférée pour avoir cheminé constamment à mes côtés avec beaucoup d’abnégation et de patience, et cet honneur qui me revient, je le lui dois également, et le partage avec elle.
Notre vie a changé le 7 décembre 1988 à 11 h 41, quand le terrible séisme a frappé l’Arménie ! Ce jour-là, nous sommes devenus 100% arméniens après être 100 % Français (notre regretté Charles Aznavour). Le Pasteur Sahagian, dans sa charité chrétienne a créé l’Association SPFA, et ainsi commencé la grande odyssée avec nos frères arméniens. De séjour en séjour, des liens indéfectibles ses sont tissés avec tous ceux qui ont visité et aimé ce pays, et sont devenus des adhérents et des donateurs, et grâce à qui, l’association perdure et réalise ses programmes depuis 32 ans, avec nos équipes efficaces et performantes sur place. 4000 personnes ont découvert l’Arménie avec nos voyages.
J’ai toujours privilégié les relations humaines, et j’essaye de faire bien ce que je sais faire.
Ma devise, « le bien ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien » a toujours été mon leitmotiv, et me fait agir en toute humilité. Un capitaine sans équipage ne va pas bien loin, et notre CA, avec les compétences des uns et des autres, permet à SPFA de naviguer en eaux calmes et de répondre à toutes les sollicitations justifiées qui se présentent, et ainsi nous accomplissons nos actions.
La mise en place de vastes programmes d’aides à l’Arménie a commencé ; nous sommes fiers de les poursuivre et d’en initier d’autres. À ce jour, 15 programmes existent et nos équipes sur place les suivent de très près. J’espère de toutes mes forces que nous pourrons continuer à mener à bien tous nos projets et qu’un jour, l’Arménie se sortira de cette situation calamiteuse. 6 000 arméniens à Issy, 6 000 arméniens à Clamart ; des réussites ont vu le jour avec les Jumelages Issy/Etchmiadzine, Clamart/Artashat, qui permettent des échanges fructueux entre jeunes de chaque ville, et pour SPFA qui fait le lien, c’est jubilatoire de travailler avec le Clavim, et de tisser des liens extraordinaires entre participants des 2 pays.
Cette distinction, qui la mérite ? Mais qu’est-ce-que le mérite ? C’est une forme de courage vécu avec persévérance au cours des années, dans l’adversité comme dans la réussite. Le mérite, je n’en ai pas plus que chacun et chacune d’entre vous. J’ai toujours essayé de vivre avec les valeurs dans lesquelles mes parents nous ont élevés, l’ouverture aux autres, le sens du partage, le respect de la parole donnée, sont de véritables leviers d’implication dans la qualité de vie au travail, comme
dans le bénévolat…Je pense que ma foi toute simple a donné un sens à mes engagements que Margrit a partagé à mes côtés à plein temps dès sa retraite. L’engagement est un mur pour que l’on fonce dedans…Gandhi disait « Si nous cultivons l’habitude de rendre ce service intentionnellement, notre désir de servir s’accroîtra sans cesse, et contribuera non seulement à notre propre bonheur, mais aussi au bonheur du monde en général ». Essayons d’agir ainsi, ne serait-ce que pour donner l’exemple et l’envie à d’autres d’avoir les mêmes buts. Merci cher Samuel d’avoir initié cette belle association. Merci à notre député-Maire qui a engagé cette procédure et qui nous accueille dans sa mairie (où nous nous sommes mariés aussi…), et partage notre joie. Je suis fier d’être Français d’origine arménienne, parfaitement intégré, cette origine, qui a donné des Charles Aznavour, des Patrick Devedjian, des Henri Verneuil, des Alain Prost et tant d’autres qui ont fait briller les couleurs de la France à travers le monde. L’empire ottoman a voulu nous enterrer vivants, il ne pensait pas que nous étions des graines. J’aurai tellement voulu que nos 4800 jeunes soldats sacrifiés pendant la guerre des 44 jours soient des graines. Je voudrais conclure avec ce texte qui résume superbement ma vie, et la vôtre sûrement.
LE TRAIN DE MA VIE PAR JEAN D’ORMESSON
À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous. Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage… Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train. Et ils seront importants : notre fratrie, amis, enfants, même l’amour de notre vie. Beaucoup démissionneront et laisseront un vide plus ou moins grand. D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges. Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’aurevoir et d’adieux. Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons. Donc vivons heureux, aimons et pardonnons ! Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train, nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage… Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train. Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous !
Je veux remercier chacun d’entre vous d’être « monté dans notre train.»