Le portrait d’un ex-membre du Club des Jeunes Diplomates Francophones

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Chouchanna TEVANIAN,  diplômée de l’Université d’Etat d’Erevan. Elle a commencé sa carrière à titre d’assistante du Premier Vice-Premier Ministre, puis en tant qu’assistante du Président de l’Assemblée Nationale. Actuellement, elle poursuit ses études de maîtrise, dans la matière Paix et Justice à l’Université de San Diego, aux États-Unis.

En feuilletant nos archives, j’ai retrouvé l’un des ex-membres du Club JDF Chouchanna TEVANIAN, ayant deux fois de suite gagné le concours de la Caravane des Dix Mots. Elle a composé des textes avec les 10 mots de la Caravane qui portaient des messages très forts et très actuels et  dont les responsables français du projet avaient écrit : ARMÉNIE – Coup de cœur pour le conte de Chouchanna Tévanian, écrit lors de l’atelier organisé en février par la Caravane des Dix Mots arménienne avec les étudiants de la Faculté de Relations Internationales de l’Université d’Etat d’Erevan…

Vartouhi PETROSSIAN

Chargée de la Francophonie à SPFA

Ci-dessous les deux récits de Chouchanna, qui ne laisseront personne indifférent.

Lavie

Il était une fois une magicienne qui s’appelait Lavie. Elle avait des aiguilles magiques qui étaient son grigri. Lavie tricotait des chemises, des gilets, des chapeaux et des chaussettes. Mais ce n’étaient pas des vêtements ordinaires, c’étaient des vêtements magiques. Il y avait la chemise de bonheur, les gilets de courage, les chapeaux de zénitude et les chaussettes de santé.

Chaque année quand une kermesse de magiciens était organisée, Lavie participait pour vendre ses vêtements magiques. Il y avait des amalgames des élixirs et des kitchs baguettes magiques sur des comptoirs des autres magiciens. Il y avait beaucoup de gens, à commencer par les Chinois jusqu’aux Inuits.

Comme tous les sorciers avaient une page dans le wiki, les gens savaient quelles choses magiques se vendaient le mieux. Le comptoir de Lavie était le plus beau avec les tissus colorés qui portaient des étiquettes différentes – BONHEUR, SANTE, COURAGE, ZENITUDE, écrits en grosses lettres conçues pour attirer des clients.

Des hommes et des femmes faisaient la queue devant ce comptoir. Un homme très grand qui était le premier dans cette queue, a dit à Lavie

– Bravo, vous êtes un génie. Donc je veux que vous m’aidiez avec votre magie.

-Quel est votre problème, monsieur ? – a demandé Lavie.

– Il y a 5 ans que ma fille est morte. Je suis malheureux et je ne veux pas vivre. Je voudrais acheter une chemise de bonheur pour supprimer la douleur de mon cœur, – a répondu l’homme.

Avez-vous une famille ? – a demandé Lavie.

-Oui, a répondu l’homme, ma femme, ma petite-fille et mon petit-fils.

– Bon je vous donnerai cette chemise, mais il faudra payer. Le prix en est votre mémoire. Mais il y a une condition. Vous mettrez cette chemise après avoir passé une journée avec votre famille,-

a dit Lavie et a mis la chemise dans un paquet rouge.

L’homme accepte la condition et retourne à la maison. Quand il rentre chez lui, il voit sa petite-fille jouer du piano et son petit-fils courir à sa rencontre et il l’embrasse.
Puis, il entre dans la cuisine et voit sa femme. Il la trouve très jolie. Pendant le dîner l’homme comprend par une sérendipité qu’il y a beaucoup de raisons pour vivre et pour être heureux. Le lendemain il envoie le paquet rouge à Lavie avec un mot :

«Il faut vivre du bonheur présent et le maintenir plutôt que de souffrir d’un malheur passé et d’en faire souffrir aux autres !».

Personne n’est de trop

Le soleil roulait derrière les collines quand un petit tap-tap est apparu au milieu de la route. Le tap-tap qui portait le nom …Monde …s’est arrêté et a pris cinq personnes: Chafouin, Champagné, Fada, Vigousse et Intelligent. Ils ont pris leurs places et le bus a démarré. Quand la nuit a couvert le ciel avec une couche épaisse de ristrette, la poudrerie a commencé. La neige était en quantité et le bus ne pouvait pas bouger. L’homme Intelligent avec un grand nez a trouvé le moyen de sortir de cette situation et faire bouger le tap-tap. Deux heures après, quand la voiture traversait le champ de Rêve il manquait d’essence. Le Vigousse, un homme grand et beau, a trouvé en courant un dépanneur et a acheté du carburant  pour démarrer.

Le matin est venu et «Le Monde» s’est arrêté près de la rivière de la Fatigue pour se reposer. Tout à coup, des bandits ont attaqué le bus et capturé les passagers. Le Chafouin  aux  yeux de renard a réussi à couper les cordes de ses bras et libérer ses amis. Le bus s’est déplacé laissant derrière les attaquants. En passant le pont d’Espoir la voiture a été arrêtée par des soldats qui ne leur ont pas permis de poursuivre leur chemin. Le Champagné qui portait un costume et une montre en or est sorti du tap-tap et a un peu parlé avec les gars en uniforme.

Après quelques minutes, la voie était libre. Deux heures ont passé, puis trois heures, un jour,  mais la destination semblait bien loin et inatteignable. Le soir venu, lorsqu’il a commencé à dracher,  Le Fada, la grande  tête aux  gros yeux, a crié…Regardez! La lumière!…

-Oui, il a raison. C’est une lumerotte à la fin de la route, a dit le Vigousse.

-Voilà, la station «But». Nous sommes finalement arrivés, a annoncé le chauffeur.

Vous pouvez dire que c’est une histoire inventée, mais non, pas du tout, c’était moi qui conduisais le tap-tap et c’était nous qui prenions « Le Monde » à son «But». Tout le monde a sa place particulière sur la terre, même ceux qui ne sont pas, paraît-il,  très «utiles».

Le bus du Monde a besoin de tous ses passagers pour arriver à destination.