LE VIOLON DE ROGER S’EST ENVOLÉ POUR L’ARMÉNIE

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LES JEUNES PRODIGES « NOUVEAUX NOMS », magnifiques et incroyables talents : UNE RÉUSSITE TOTALE !

De véritables ambassadeurs des arts arméniens, et artistes musiciens prometteurs…

QUALITÉ des prestations, remarquable maîtrise professionnelle, prodigieuse maturité, virtuosité…

ÉMOTION, ravissement ENTHOUSIASME étaient au rendez-vous…

 

LE VIOLON DE ROGER S’EST ENVOLÉ POUR L’ARMÉNIE

Lors du concert donné cet automne 2015, les jeunes virtuoses arméniens nous ont enthousiasmés. Tout particulièrement une petite violoniste de douze ans, Polina, qui a interprété le Rondo Capriccioso de Saint-Saëns. La maîtrise de son jeu mais aussi sa subtilité et sa sensibilité étaient prodigieuses. Atteindre un tel niveau à son âge relève d’un don exceptionnel et, qui plus est sur un violon de qualité médiocre, voilà qui amplifie son mérite. Ce violon, prêté par le conservatoire de musique de Erevan passe entre les mains des nombreux élèves violonistes. Le lendemain du concert nous lui avons apporté le violon de Roger. Gravement, elle a vérifié l’accord puis, très concentrée, elle a joué quelques mesures de la Méditation de Thaïs (Massenet). Lentement un sourire s’est élargi sur ses lèvres. Alors, levant
vers nous un visage heureux, elle a prononcé quelques mots en arménien. Traduction :
« Il sonne bien ! ».
« Il est à toi » avons-nous répondu d’une seule voix.
« Merci. » dit-elle timidement en français, en roulant fort le r.

Adolescent, Roger reçut cet instrument d’un ami, violoniste professionnel. Il s’agit d’un violon de concert, fabriqué à Mirecourt, à la fin du XIXème siècle. Son manche, au vernis usé, témoigne d’un usage répété. Le reste est en parfait état. Mais ce violon est muet depuis fort longtemps et le serait certainement resté. Roger avait cessé d’en jouer à son retour de déportation en
Allemagne, mais il l’avait maintenu en parfait état. Il y a trois ans, alors qu’il avait décidé de faire de la place dans son appartement, un jour d’humeur chagrine, il menaça de le jeter à la décharge. Il fallut lui rappeler son amour de la musique, son attachement à cet instrument, pour qu’il change d’avis en maugréant : « Alors, emportez-le ! Cela m’évitera d’aller à la décharge. » En réalité, il était satisfait de cette petite comédie qu’il venait de nous jouer et heureux de nous donner, mine de rien, cet instrument. Connaissant sa générosité, on ne peut douter qu’il aurait été heureux que son violon devienne le compagnon d’une jeune musicienne talentueuse et qui semble destinée à une carrière internationale. L’âme d’un violon, c’est la belle expression qui désigne le petit morceau de bois qui transmet les vibrations entre le dos et la table d’harmonie et qui détermine la qualité sonore de l’instrument. L’âme d’un violon, n’est-ce pas aussi l’empreinte invisible   laissée par tous les musiciens qui l’ont fait sonner ? On dit que la musique est cachée dans le violon. Le violoniste ne ferait que la révéler et lui donner vie. Mais ce talent semble réservé à quelques privilégiés, comme Polina. Au fil des concerts, entendra-t-elle les chuchotements de l’âme de son violon lui dévoiler les secrets de ceux qui l’ont fait chanter avant elle ?

Octobre 2015

PS : Polina est revenue pour cette tournée 2019 : nous ne regrettons nullement notre geste.  Oui, encore une fois, elle nous a emmenés dans son monde, fait intensément vibrer son violon, nos âmes, et mit tous nos sens en émoi.
Une véritable jeune artiste douée, qui fait corps avec son violon ‘enchanteur’.