L’émotion et l’hommage d’Erik Berchot – ami et pianiste de Charles Aznavour

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Une belle LEÇON de Français, aussi, lors du dévoilement de la plaque commémorative, rue Monsieur le Prince, ce 21 mai 2019.

 

Paris, le 21 mai 2019

Madame la Maire, Monsieur le Maire,
Chère Aida,
Chères Ulla, Katia, chers Nicolas et Kristina
Cher Misha
Cher Charles,

Rue Monsieur le Prince… cela nous plonge bien sûr, au
cœur de cette merveilleuse et émouvante chanson
« Autobiographie »
Vous prononciez ces mots en ouverture de votre tour de
chant:
« J’ai ouvert les yeux sur un meublé triste
Rue Monsieur Le Prince au Quartier Latin >>
« Qui » aurait imaginé ce destin si exceptionnel ?…
Ces nombreuses années à vos côtés m’ont permis, à
travers vos chansons, de saisir quelques clés de votre
extraordinaire ascension. . .

1
« Sa jeunesse », votre chanson préférée Cette voix sur
mes doigts, je |’entends toujours… Votre voix…
inimitable… qui parlait à chacun d’entre nous avec tant
d’intensité…
2
« Je n’oublierai jamais » votre exigence du détail,
permettant cette couleur sonore si particulière, si
aznavourienne. ..
3
Je me souviens aussi, c’était pendant l’enregistrement de
« L’amour amer »… Vous aviez tout arrêté car vous vouliez
changer UN mot qui ne vous convenait pas.
Après un long moment, seul à votre table, cherchant LE
mot, vous nous êtes revenu, soulagé par la justesse
retrouvée…
4
« Non, je n’ai rien oublié » de cet hommage rendu à
Georges Garvarentz, votre beau-frère, au Palais des
Congrès de Paris, peu de temps après sa disparition,
dévoilant au public, avec beaucoup de retenue et de
pudeur, que vous lui aviez fait porter un piano dans sa
chambre d’hôpital pour qu’il puisse composer jusqu’à son
dernier souffle… Votre bienveillance et votre bonté, si
souvent dévoilée dans la discrétion, nous avaient là encore,
fortement émus.
5
Et vous, vous n’oubliiez personne, bravant même les
tabous dans « Comme ils disent »
6
Vous n’oubliiez pas non plus vos racines : « Ils sont tombés»
marque votre engagement en faveur de la cause arménienne.
Vos concerts à Erevan ne peuvent se raconter, tant
l’émotion chez votre public arménien était accompagnée
de tant de reconnaissance…
7
« Je voyage », un moment tendre avec votre fille, Katia…
Ah, ces voyages
De Paris à New York
De Rio à Moscou
De Montréal à Tokyo
De Los Angeles à Santiago du Chili
De Barcelone à Haïti
De Dubaï à Tahiti
Des îles lointaines jusqu’à la ville natale de votre père en
Géorgie…
Vous alliez à la rencontre de peuples si différents qui,
finalement, ne faisaient qu’un, au regard des « Encores »
clamés à l’unisson
8
Quelle belle revanche sur « La critique »… Avec cette
pointe d’ironie dans les yeux, vous faisiez remarquer que
ceux qui vous avaient assommé à vos débuts, étaient tous
morts mais vous, toujours là…
9
Toujours là, partageant avec votre public des moments
d’ivresse. Dans « La bohème», je revois vos admirateurs, se
ruer vers la scène pour attraper au vol ce fameux mouchoir
signé… Et cette gestuelle, aussi … tellement juste, digne
de l’acteur si instinctif et intuitif que vous étiez…
10
« Hier encore » ou presque, en septembre dernier à Tokyo,
après de longs mois loin de la scène, suite à votre bras
cassé, vous nous aviez donné une si belle leçon de
courage…
Tant de volonté pour être à nouveau CHARLES
AZNAVOUR, en haut de l’affiche… 2h de concert sans
pause, aucune… Vous nous aviez confié ce soir-là : « Ma
vie, c’est ça… »
11
Cher Charles, je pourrai continuer ainsi la longue liste de
vos chansons et des souvenirs qu’elles font renaître.
Alors pour finir :
« Les images de la vie » :
Une multitude, grâce à vous… et si fortes… Je me
souviens quand mon père m’emmenait à I’OIympia pour
vous écouter… Je me souviens de ces parties d’échecs
dans votre loge avant le spectacle qui ne faisaient que
renforcer le lien d’amitié qui vous unissait tous les deux…
Je vous regardais du haut de mes cinq ans, si fier déjà
d’être à vos côtés…
Bruno Coquatrix arrivait et donnait le signal… Vous
deveniez comme par magie cet autre, le GRAND
CHARLES, prenant le public aux entrailles dès la première
Seconde…
Je me souviens de ces files interminables à la fin de vos
concerts, de personnes sollicitant des autographes…et
jusqu’au dernier spectateur, vous étiez disponible et à
l’écoute… Déférence et générosité pour votre public si
fidèle, seront restées intactes jusqu’à l’ultime concert…
Charles, vous nous manquez si fort…
Vous serez à jamais « FOR ME, FORMIDABLE »…
« Nous nous reverrons un jour ou l’autre » mais en
attendant, «Emmenez-moi », emmenez-nous encore et
encore, au pays des merveilles …